Le président kényan Uhuru Kenyatta a annoncé mardi 24 septembre dans la soirée la fin du siège du centre commercial Westgate de Nairobi, affirmant avoir "vaincu" le commando islamiste qui l'occupait après quatre jours de carnage qui ont fait au moins 67 morts.
"Nous avons humilié et vaincu nos assaillants, cette partie de notre tâche est finie", a déclaré le président kényan dans la soirée (20h30 heure française) dans une allocution télévisée à la nation. "Nous avons été durement touchés, mais nous avons été braves, unis et forts," a poursuivi le chef de l'Etat kényan". "Nous avons regardé le mal dans les yeux et nous avons triomphé", a-t-il ajouté.
Faisant état de "pertes immenses" pour le pays, Uhuru Kenyatta a annoncé un deuil national de trois jours à compter de mercredi, au cours duquel "les drapeaux seront en berne".
Un commando islamiste de dix à quinze hommes armés et masqués avait pénétré samedi à la mi-journée dans le Westgate, l'un des centres commerciaux les plus huppés de la capitale kényane. Les assaillants avaient lancé des grenades et tiré à l'arme automatique sur les employés du centre commercial et la foule de Kényans et d'expatriés venus faire leurs courses du week-end, avant de se retrancher dans le dédale de magasins du bâtiment, d'où il résistait depuis aux forces de l'ordre.
L'attaque du Westgate avait été rapidement revendiquée par les insurgés islamistes somaliens shebab, qui avaient dit agir en représailles à l'intervention militaire kényane en Somalie lancée fin 2011.
Un bilan encore provisoire
Selon un bilan encore provisoire du président Kenyatta, 61 civils et six membres des forces de sécurité été tués. "Durant l'opération, trois étages du centre commercial Westgate se sont (partiellement) effondrés et des corps sont toujours bloqués", a-t-il précisé, laissant entendre que le bilan pourrait encore s'alourdir. Le centre kényan de gestion des crises a rappelé que 175 personnes ont en outre été blessées.
Au cours de presque quatre jours de siège, "cinq terroristes ont été tués", a encore dit le président kényan, affirmant que 11 "suspects (étaient) en détention". "Ces lâches affronteront la justice, tout comme leurs complices et leurs chefs, où qu'ils se trouvent", a-t-il promis.
Pendant quatre jours, rafales d'armes automatiques, explosions et tirs sporadiques ont retenti dans le Westgate. Selon un membre des forces spéciales kényanes ayant participé aux affrontements, ceux-ci ont pris des allures de parties de "cache-cache" avec les islamistes, avantagés par la configuration du centre commercial : une myriade de magasins, de restaurants et un complexe de cinéma répartis sur quatre étages dans des galeries donnant, au rez-de-chaussée, sur un grand hall ouvert jusqu'au toit.
Alors qu'approchait la fin du siège, les forces de sécurité ont multiplié les opérations de ratissage du lieu, pour s'assurer que plus aucun des assaillants n'était encore en état de nuire.
Dès dimanche, une source sécuritaire a fait état de la présence d'agents israéliens au côté des militaires kényans.
Tout au long de la crise, le président kényan a cependant tenu à préciser que l'opération était une opération kényane. "Les Kényans ont vraiment la direction des opérations", a confirmé peu avant la fin du siège une source diplomatique à l'AFP. "Les principaux pays occidentaux ont des représentants dans le centre de commandement, mais les Kényans ne leur laissent pas accès" au terrain, a-t-elle ajouté, sans exclure que les Israéliens aient joué un rôle plus important.
Samedi au moment de l'attaque, le Westgate, détenu en partie par des Israéliens, était bondé de Kényans et d'expatriés de toutes nationalités. Au moins 16 étrangers ont au total été tués, aux côtés de dizaines de Kényans.
Des intérêts israéliens au Kenya ont déjà été la cible d'attaques revendiquées par Al-Qaïda: en 2002, un attentat suicide contre un hôtel fréquenté par des touristes israéliens avait tué 12 Kényans et trois Israéliens près de la ville côtière de Mombasa. Presque simultanément, un avion de la compagnie israélienne El Al avec 261 passagers à bord avait échappé de peu aux tirs de deux missiles à son décollage, également à Mombasa.
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