mardi 20 décembre 2016

Ville morte à Kinshasa [Actualité]

Alors que les communications étaient rendues difficiles, lundi à Kinshasa, en raison du blocage des réseaux sociaux sur ordre des autorités, les quelques interlocuteurs que nous avons pu toucher sont unanimes : "On dirait un dimanche ou une journée ville morte."
"Ville morte" était précisément le mot d’ordre fixé pour cette dernière journée du dernier mandat constitutionnel de Joseph Kabila par de mystérieux tracts distribués depuis quelques jours dans la capitale congolaise; signés "Toile d’araignée", ils sont généralement attribués aux mouvements citoyens qui exigent le respect de la Constitution congolaise et le départ de Joseph Kabila.
Ces mêmes tracts appellent à des concerts de bruit (sifflet, klaxons, casseroles, vuvuzelas) à partir de minuit lundi soir et à des manifestations dans les "381 quartiers" de la capitale à partir de ce mardi pendant trois jours.
Difficile, en attendant, de savoir si le "calme" inhabituel qui régnait à Kinshasa lundi était une obéissance à ces consignes ou le simple effet de la peur. La rumeur publique disperse en effet dans la ville des promesses de répression violente des récalcitrants, tandis que militaires et policiers quadrillent la ville et que des barrages en surveillent les principaux axes.
Peu de taxis et peu de bus circulaient; peu de passagers y avaient pris place; les écoles et la plupart des commerces sont restés fermés, à l’exception de petites boutiques de quartier où les Kinois - dont la majorité ne disposent pas des moyens suffisants pour faire des provisions - achètent l’un ou l’autre aliment.
L’agence Reuters signalait le rassemblement de "centaines de personnes" à l’université de Kinshasa, brandissant des cartons rouges, signe de rassemblement des opposants au maintien au pouvoir de Joseph Kabila.
Le site congolais Politico signalait de son côté l’arrestation de Franck Diongo, député lumumbiste de Kinshasa et une des figures actives de l’opposition. Ce dernier avait d’abord annoncé avoir "capturé", avec l’aide de la population, trois membres de la garde présidentielle armés mais en civil qui avaient forcé son domicile pour "le tuer". Alors que des tirs ont été entendus à son domicile, M. Diongo a été "gravement tabassé" et "arrêté", a indiqué son entourage à Politico.
En province, situation calme également, avec de gros renforts policiers et militaires dans les principales villes. Radio Okapi a cependant signé l’attaque, lundi à l’aube à Butembo (Nord-Kivu, à l’est) de la mairie, du bureau des casques bleus de l’état-major de la police et de la prison par des Maï Maï (groupe armé) qui "voulaient faire évader les détenus" en profitant "de cette journée-là", a expliqué un activiste congolais à Reuters. L’armée et les casques bleus ont riposté; après plusieurs heures d’affrontements, il y a eu 7 morts: un casque bleu, un policier et cinq assaillants.
A Goma, une quarantaine de personnes ont été arrêtées pour avoir tenté de manifester, rapportent plusieurs sources.
La plupart des autres grandes villes du Congo ont connu un ralentissement des activités marqué ou très marqué, sauf Mbandaka (Equateur) où l’on ne signalait ni déploiement des forces de l’ordre ni calme inhabituel. 

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