vendredi 24 mars 2017

La Guyane paralisée par un important mouvement social [Actualité]

Barrages routiers, écoles fermées... Pourquoi la Guyane est paralysée

Ecoles et boutiques fermées, routes barrées et manifestations... Depuis une semaine, le département français fait face à une grogne sociale d'une rare ampleur, paralysant son activité.

Plus les jours passent, plus la tension monte. La Guyane en proie à une crise sociale majeure, voit son activité paralysée depuis près d'une semaine. Dernière conséquence de ces mouvements : le report pour la troisième fois du lancement de la fusée Ariane 5, véritable vitrine économique du territoire. 

Initialement prévu lundi, le transfert de la fusée Ariane 5 vers son pas de tir n'a jamais pu être mis en oeuvre à cause d'un barrage à l'entrée du Centre spatial guyanais de Kourou et d'une grève au sein de la société Endel qui assure son transfert. Les salariés ont obtenu mercredi un accord de la direction d'Endel, portant sur la revalorisation de leurs salaires. Pour autant, le mouvement de grogne sociale ne faiblit pas.


La mobilisation, soutenue par des collectifs de citoyens, a pris une dimension plus large pour dénoncer plus globalement les problèmes de la Guyane, en matière de santé, d'éducation, d'économie et de sécurité. Dans la ville de Kourou, des membres du personnel du centre médico-chirurgical manifestent notamment après l'annonce du désengagement de La Croix Rouge qui gère l'établissement. Un autre collectif défilant vêtu de noir et cagoulés,"les 500 frères", dénonce une insécurité grandissante sur le territoire.

Autre revendication, celle des Amérindiens qui ont aussi appelé à se mobiliser, notamment contre le "vol" de leur terre.
Depuis près d'une semaine, les conséquences de ces mouvements sociaux paralysent tous les secteurs d'activité du territoire. Outre le blocage de la fusée Ariane, un avion Air France a dû faire demi-tour jeudi, quatre heures après son départ de Paris car les conditions d'un atterrissage en sécurité à l'aéroport de Cayenne n'étaient plus réunies. Le même jour, Air Caraïbes a dû dérouter son vol pour les Antilles.

La crise sociale touche également les citoyens dans leur quotidien. Le recteur a annoncé jeudi dans un communiqué que les écoles, collèges et lycées étaient fermés "jusqu'à nouvel ordre". Des appels à fermer les commerces ont été lancés et des stations services commencent à connaître des pénuries d'essence sans plomb. De plus, les barrages routiers se sont multipliés notamment à Cayenne, empêchant l'accès de certaines zones aux passagers et à certains services d'urgence comme les pompiers.
Face à la montée des tensions sociales, la ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts, a appelé jeudi à la levée des barrages, et a proposé la tenue de discussions à Paris autour des questions économiques, de santé et de sécurité, afin de "traiter sans délai les problèmes immédiats" et de "finaliser" le pacte pour l'avenir de la Guyane, promis par François Hollande en 2013. Un texte qui n'a toujours pas été signé.
Par ailleurs, l'ancienne Garde des Sceaux, Christiane Taubira s'est rendue jeudi sur un barrage situé à Kourou, pour saluer les manifestants. "La moindre des marques de respect est de passer saluer les gens qui estiment avoir des revendications qui justifient une mobilisation massive sur l'ensemble du territoire", a déclaré l'ancienne ministre aux journalistes de Guyane 1ere.
Vendredi soir, le Premier ministre Bernard Cazeneuve a décidé d'envoyer en Guyane "une mission interministérielle de haut niveau", alors que le territoire ultramarin est touché depuis plusieurs jours par un mouvement de grogne sociale d'ampleur.
"Afin de nouer un dialogue constructif et apaisé, le Premier ministre a décidé d'envoyer sans délai en Guyane une mission interministérielle de haut niveau", indique Matignon dans un communiqué.

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