Les entraves pour se connecter en Chine à Gmail ne sont pas récentes, pas plus que les tensions entre Google et Pékin, mais ces dernières mesures viennent parachever le blocage en Chine du premier service de messagerie du monde.
Les ultimes voies d'accès à Gmail ont été fermées ces derniers jours, le trafic de connections entre la Chine et la messagerie de Google accusant vendredi une chute brutale, selon les données publiées par le "Google's Transparency Report".
"Nous avons procédé à des vérifications et il n'y a rien d'anormal de notre côté", a déclaré à l'AFP un porte-parole de Google basé à Singapour.
Ce blocage total de Gmail s'inscrit dans une "attitude de plus en plus agressive (des autorités à Pékin) concernant ce qu'elles appellent leur souveraineté sur l'internet", a commenté Jeremy Goldkorn, expert de l'internet en Chine.
"Ces deux dernières années, on a constaté un renforcement constant de toutes les formes de censure sur l'internet" en Chine, a ajouté ce rédacteur en chef du site d'informations danwei.org, également bloqué dans le pays.
Jusqu'à trois ans de prison
En 2014, les services de Google ont notamment été sérieusement entravés à l'approche du 25e anniversaire de l'écrasement du mouvement pro-démocratie de Tiananmen, le 4 juin 1989. Pékin a ensuite encore resserré l'étau de la censure face à la fronde d'habitants de Hong Kong qui ont exigé de pouvoir élire leur gouverneur en 2017 au suffrage universel plein et entier.
De nombreux internautes chinois ont exprimé lundi leur colère, en demandant une levée de la censure visant Gmail. "La raison du blocage de Gmail sont les soucis politiques intérieurs. Cela montre combien le contexte politique actuel est sombre", a jugé l'un d'entre eux.
Le Parti communiste chinois (PCC) s'emploie en effet à museler l'internet, qui a joué ces dernières années un rôle de puissante caisse de résonance des critiques du régime.
Selon des mesures adoptées en septembre, les internautes chinois risquent jusqu'à trois ans de prison pour des messages jugés diffamatoires publiés plus de 500 fois ou consultés plus de 5.000 fois.
De nombreux internautes et journalistes ont été arrêtés cette année et certaines des voix critiques les plus influentes sur les réseaux sociaux ont dû se livrer à d'humiliantes "autocritiques" à la télévision.
Les autorités chinoises ont de surcroît mis en place une censure très perfectionnée de l'internet, qui est expurgé des sites politiquement sensibles, afin que ne puisse s'organiser de dissidence.
Twitter, YouTube et Facebook sont bloqués dans le pays, ainsi que de nombreux sites d'information.
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