lundi 4 mai 2015

Des soldats français accusés de violer des enfants en Afrique [Actualités]


Ils ont entre 8 et 13 ans. Réfugiés du camp de M'Poko ou enfants de la rue, tous témoignent des mêmes faits commis par des militaires français, mais aussi guinéens et tchadiens. Le Journal du dimanche s'est procuré une copie du rapport de l'Organisation des Nations unies à l'origine du scandale des viols présumés sur des enfants pendant l'opération Sangaris en Centrafrique.
Selon le rapport,des soldats français ont violé des jeunes garçons « affamés » et « sans abri » dans un centre de réfugiés de Bangui, la capitale centrafricaine, en 2014, selon un rapport confidentiel de l’ONU consulté et cité, mercredi 29 avril, par le quotidien britannique The Guardian (en anglais).
Des militaires, notamment déployés dans le cadre de l’opération de maintien de la paix Minusca, ont abusé d’enfants, dont certains étaient âgés de neuf ans. The Guardian fait état de « viols » et de « sodomies » sur ces mineurs, parfois orphelins, placés sous la protection des soldats dans un camp accueillant des déplacés ayant fuit des zones de conflit dans le pays.

Un responsable de l’ONU, le Suédois Anders Kompass, a été suspendu, la semaine dernière, pour avoir transmis ce rapport interne aux autorités françaises. Ce directeur des opérations aurait décidé d’alerter Paris « à cause de l’incapacité des Nations unies à faire cesser ces abus. »
Si la justice française, saisie l'été dernier, a identifié et mis en cause quatorze militaires, le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a appelé ce dimanche tout soldat coupable d'abus sexuel "à se dénoncer immédiatement". Car les faits relatés par les petites victimes sont particulièrement graves.
Sur les six enfants qui témoignent, quatre ont été victimes de violences sexuelles. Les deux autres rapportent des abus subis par leurs copains. Chaque fois, la version est presque semblable. Des militaires leur demandent une fellation en échange de nourriture. Les petites victimes donnent aussi des descriptions précises ou des caractéristiques physiques de leurs agresseurs présumés.
Le premier a été abordé par un soldat, un Français, alors qu'il jouait près du camp de M'Poko, où sont réfugiées des dizaines de milliers de personnes fuyant les affrontements entre groupes armés en Centrafrique. Âgé de 8 ans, après avoir pratiqué une fellation au militaire, il obtiendra "une ration de nourriture et un peu d'argent".

"On avait faim, c'est pour cela qu'on l'a fait", précise-t-il aux enquêteurs, petite victime venue accompagnée de sa mère. Il est traumatisé, son interrogatoire a dû être interrompu, selon le rapport rédigé par l'ONU. Un troisième explique avoir été abordé près d'un check point par un soldat français blanc qui lui aurait promis des rations s'il s'occupait de lui. Pour le quatrième, ces viols auraient duré de décembre 2013 à mai 2014, toujours perpétrés par le même homme, dont il confie "le surnom militaire".
Les descriptions faites par les six enfants sont particulièrement précises. L'un des agresseurs présumés est un skinhead au crâne rasé, un autre est d'origine créole. Donnant parfois leur surnom, les victimes ont également témoigné de signes particuliers : un tatouage de serpent sur le haut de la main ou un tatouage de fleur sur la nuque.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire