jeudi 25 février 2016

50 ans de la mort de Malcolm X [Actualité]

Il y a 50 ans, le 21 février 1965, Malcolm X s’apprêtait à prononcer un discours à l’Audubon Ballroom de New York pour encourager ses frères et sœurs noirs à lutter contre l’oppression et le racisme. Il n’en aura pas le temps : il est abattu de plusieurs coups de revolver. Pour l’élite, ce fut un soulagement : l’une des voix les plus fortes et les plus puissantes du mouvement noir était réduite au silence. Mais, un demi-siècle après sa mort, le leader afro-américain continue d’inspirer des gens dans le monde entier. 
Malcolm X est né le 19 mai 1925 sous le nom de Malcolm Little, dans l’État américain du Nebraska. À l’époque, les États-Unis comptaient 13 millions d’Américains noirs. La plupart habitaient dans les États du Sud et étaient surtout des petits fermiers ou des ouvriers agricoles. Dans le Nord, les Américains noirs étaient surtout concentrés autour des centres industriels.  
Dans le Sud régnait une véritable ségrégation raciale, organisée par la loi, qui séparait la population afro-américaine du reste de la société. Les Noirs ne pouvaient habiter les mêmes quartiers que les Blancs, les enfants noirs ne pouvaient fréquenter les mêmes écoles que les blancs, même les toilettes publiques étaient séparées. Dans le Nord, la communauté noire vivait dans des ghettos surpeuplés, comme Harlem à New York ou South Side à Chicago. 
Il était également interdit aux travailleurs noirs de s’affilier à un syndicat, ce qui permettait aux patrons de se servir de cette loi pour propager le racisme parmi les travailleurs blancs.
Pour le seul été 1919, plus de 25 marches racistes ont eu lieu dans les quartiers populaires noirs. Au cours de ces marches, très violentes, des maisons étaient incendiées, des magasins détruits et des Noirs tués. La famille de Malcolm n’a pas été épargnée par cette violence raciste. Le père de Malcolm, pasteur, était un adepte de la pensée de libération des Noirs de Marcus Garvey, figure de proue du courant du « retour vers l’Afrique ». Ces idées eurent un profond impact sur la population afro-américaine, et elles allaient à nouveau gagner en influence dans les années 1960, lors de la lutte des pays colonisés pour leur indépendance.  
Quand Malcolm avait 4 ans, la maison de ses parents fut incendiée par une bande raciste. Deux ans plus tard, le père de Malcolm fut assassiné par le Ku Klux Klan. La jeunesse de Malcolm fut ensuite marquée par une existence errante. Il grandit à Boston, Lansing, New Haven, Flint et New York. 
C’est dans de telles circonstances que le jeune Malcolm finit par plonger dans la délinquance. En 1946, à l’âge de 20 ans, il est arrêté à l’issue d’un cambriolage à main armée et condamné à dix ans de prison. 
Malcolm passera six ans derrière les barreaux. En prison, il rallie Nation of Islam, Malcolm choisit « X » comme nom de famille, ce X remplaçant pour lui le vrai nom – perdu – de ses ancêtres esclaves, remplacé par le maître blanc par celui de « Little ». 
Comme Nation of Islam prend fortement position contre l’oppression blanche, le mouvement attirait de nombreux jeunes Noirs. Ce fut aussi le cas de Malcolm, marqué par l’injustice et la violence subies durant son enfance. Il se convertit ainsi à l’islam et restera musulman jusqu’à la fin de sa vie. Au sein du mouvement, Malcolm devient bien vite l’une des figures les plus connues et les plus importantes.  
Une fois sa peine de prison purgée, il parcourt le pays et le monde pour prêcher et organiser la lutte. Il rejette l’hypocrisie de plusieurs dirigeants noirs modérés et refuse toute concession, estimant qu’on ne pouvait porter atteinte à son droit de vivre comme il l’entendait. Cette attitude lui a valu le titre d’« angriest man in America » (l’homme le plus en colère de l’Amérique). Il est ainsi devenu le leader le plus connu et le moins enclin aux compromis du mouvement de libération des Noirs. Au début des années 1960, Nation of Islam acquit la réputation d’être certes la voix la plus virulente et radicale du mouvement de libération.
Pour l’establishment,malgré sa rupture non consommée avec la Nation Of Islam,Malcolm X devenait un personnage de plus en plus dangereux parce qu’il était en train de parvenir à réunir divers groupes. Il était en train de poser les fondations d’un large mouvement anticapitaliste contre le racisme. Il n’y est toutefois jamais arrivé, puisqu’il fut assassiné le 21 février 1965, lors d’un discours à New York. 
Malcolm X n’a jamais hésité à s’exprimer contre le racisme, l’oppression et l’exploitation inhérents au capitalisme. Il a été l’un des combattants les plus sincères et les plus hostiles aux compromis du 20e siècle, et ses idées et actions restent, aujourd’hui encore, une source d’inspiration pour des millions de personnes dans le monde. 

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