mardi 31 mai 2016

Mort de 700 personnes en Méditerranée [Actualité]

Sept cents hommes, femmes et enfants sont très probablement morts, le 27 mai, après que leurs embarcations de fortune, parties de Libye, ont coulé en mer Méditerranée, selon des témoignages de survivants et de l’ONU Sea-Watch.

Depuis cinq jours, les gardes-côtes italiens et des ONG parcourent la mer à la recherche de survivants et de cadavres. Jusqu’ici, 135 personnes ont été sauvées et 45 corps retrouvés et emmenés au port italien de Reggio de Calabre.
Sea-Watch, une ONG allemande ayant participé aux opérations, a récupéré 25 corps ce jour-là. Elle a décidé, le 30 mai, de diffuser auprès des médias et des agences de presse la photographie d’une des victimes : un bébé, peut-être à peine âgé d’un an, sorti sans vie des eaux par un sauveteur

La décision de diffuser cette image, prise par un photographe indépendant à bord d’un des deux bateaux de l’ONG, a été prise unanimement par ses membres.
Sea-Watch documente ses sauvetages avec de nombreuses photos et vidéos, pas toutes aussi difficiles à regarder en face, certaines dégagent même de la joie, ou au moins des sourires de soulagement.
Diffuser une photo d’un bébé noyé est le moyen pour l’ONG de médiatiser une réalité qu’elle considère ignorée et d’obliger les instances politiques à une réponse. Dans un communiqué qui accompagne l’image, elle écrit :
« A l’aune de ces événements désastreux, il devient évident pour les organisations sur le terrain que les appels aux politiciens pour éviter de nouvelles morts en mer n’ont aucune conséquence. Si nous ne voulons plus voir de telles images, nous devons mettre fin à cette situation. »
Ce bébé anonyme, dont la famille est sûrement morte, noyée à ses côtés, a été confié aux autorités italiennes. Sa dernière image rappelle celle d’Aylan Kurdi, l’enfant syrien de 3 ans noyé en septembre 2015 et dont le corps a été retrouvé par un sauveteur sur une plage turque. Sa photographie était devenue le symbole du sort des réfugiés et de l’inaction de l’Union européenne. Un souffle d’empathie avait été déclenché, avant de retomber.

En février, l’Organisation internationale pour les migrations (OIM) annonçait qu’au moins 304 enfants étaient morts en Méditerranée, dans l’indifférence quasi générale, depuis septembre 2015. Ce chiffre a augmenté depuis, personne ne sait encore de combien.
Selon un décompte de l’ONU diffusé le 31 mai :
  • 9 500 hommes, femmes et enfants sont morts en tentant de rejoindre l’Europe depuis 2014 ;
  • pour la seule année 2016, ce chiffre atteint 2 510 personnes, explosant ces derniers mois avec la fin de l’hiver, le retour d’une mer plus calme et des tentatives de plus en plus fréquentes depuis la Libye.
L’Italie, où 46 714 migrants et réfugiés sont arrivés depuis janvier, est redevenue la principale porte d’entrée méditerranéenne depuis la fermeture de la route des Balkans et l’accord controversé sur le renvoi vers la Turquie des nouveaux arrivants en Grèce.
Aujourd’hui, seuls des navires privés affrétés par des ONG, comme Sea-Watch, Médecins du monde ou SOS Méditerranée, sont consacrés exclusivement au secours de migrants en mer Méditerranée. L’opération européenne Sophia, lancée en juin 2015, mobilise des militaires et les moyens de vingt-quatre des vingt-huit pays de l’Union européenne. Elle a permis de sauver plus de 12 600 personnes et de neutraliser et « rendre hors d’usage » 104 bateaux et embarcations. Mais son objectif principal n’est pas le sauvetage de migrants, c’est la lutte contre le trafic des passeurs en Méditerranée.


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