vendredi 8 juillet 2016

Cinq policiers tués à Dallas lors d’une manifestation contre les bavures policières [Actualité]

Des tireurs ont semé la panique jeudi 7 juillet au soir à Dallas, en marge d’une manifestation contre les violences policières, après la mort de deux hommes noirs ces derniers jours. Cinq policiers ont été tués et six autres blessés.

Evoquant une attaque menée « comme une embuscade », le chef de la police de Dallas, David Brown, a expliquédans un communiqué que « deux snipers [avaient] tiré sur dix policiers depuis une position en hauteur pendant la manifestation ».
Quelques heures plus tôt, le président américain Barack Obama s’était exprimé sur les tensions entre une partie de la population américaine et les forces de l’ordre. La mort de deux hommes noirs en autant de jours, abattus par des policiers filmés au moment des faits, est le symbole d’un « grave problème » de la société américaine, avait-il dénoncé. Des enquêtes fédérales ont été réclamées dans ces deux affaires.
« Admettre que nous avons un grave problème ne contredit en rien notre respect et notre reconnaissance envers l’immense majorité des policiers qui mettent leurs vies en jeu pour nous protéger au quotidien », a écrit le président américain dans un communiqué, après la mort, mardi, d’Alton Sterling à Bâton-Rouge, en Louisiane, et celle, mercredi, de Philando Castile, à Falcon Heights, dans le Minnesota.
« Il est évident que ces tirs meurtriers ne sont pas des incidents isolés. Ils sont symptomatiques de défis plus importants au sein de notre système judiciaire, ainsi que de disparités raciales qui apparaissent dans le système année après année et du manque de confiance qui en résulte entre les forces de l’ordre et de trop nombreuses communautés. »
Arrivé aux premières heures de vendredi à Varsovie (Pologne), où il doit participer à un sommet de l’OTAN, le président a déploré que son pays avait vécu « trop de fois des tragédies » similaires et appelé la police à entreprendre des réformes. Rappelant que les Américains non blancs sont plus susceptibles d’être arrêtés, fouillés ou tués par les forces de l’ordre, il a exhorté ses compatriotes à ne pas y voir un problème seulement pour les minorités.
« Ce n’est pas seulement le problème des Noirs. Ce n’est pas seulement le problème des Hispaniques. C’est un problème américain dont nous devrions tous nous préoccuper. Il nous revient à tous de dire que nous pouvons mieux faire. Nous valons mieux que cela. »

  • Philando Castile, tué devant sa compagne et sa fille


Philando Castile a été mortellement blessé par balle par un policier, dans la banlieue de Minneapolis, au cours d’un contrôle routier, mercredi 6 juillet dans la soirée. Le contrôle a eu lieu à Falcon Heights, dans le Minnesota, autour de 21 heures locales (4 heures en France), a déclaré la police de St Anthony.
La petite amie de Philando Castile se trouvait à bord du véhicule et a filmé avec son téléphone portable les derniers instants de son compagnon, qui ont suivi les coups de feu. Elle explique que le policier a tiré sur son ami alors qu’il cherchait ses papiers d’identité, après que la voiture avait été arrêtée pour un phare cassé.

Lors du contrôle, a-t-elle raconté jeudi à des journalistes, l’agent a émis des demandes contradictoires, exigeant de Philando Castile qu’il lève les mains en l’air et qu’il présente ses papiers d’identité, qui se trouvaient dans sa poche arrière. La police, pour sa part, a simplement confirmé la mort d’un homme tard mercredi après un contrôle routier. Jeudi, face à l’émoi suscité par la mort de Philando Castile, le gouverneur du Minnesota a reconnu que la réaction du policier à l’origine des tirs semblait « démesurée. »
Hasard du calendrier, un policier était jugé jeudi à Baltimore pour l’homicide de Freddie Gray, l’affaire emblématique de ce jeune homme noir mortellement blessé dans un fourgon de police il y a plus d’un an. La cité portuaire s’était à l’époque embrasée et avait connu des émeutes raciales, comme Ferguson avant elle.
Surtout, l’affaire Philando Castile survient après un autre homicide, mardi en Louisiane, qui a pris une ampleur nationale lorsqu’une vidéo a été diffusée. Alton Sterling, un vendeur ambulant noir, a été abattu mardi de plusieurs balles par deux policiers blancs qui l’avaient préalablement plaqué au sol, devant un centre commercial de Bâton-Rouge.
Les faits se sont déroulés à 0 h 35, mardi 5 juillet (6 h 35 à Paris). La police s’était rendue sur les lieux à la suite d’un appel anonyme d’une personne disant qu’elle avait été menacée par un homme avec un pistolet, selon un communiqué des forces de l’ordre.
Une vidéo d’amateur circulant sur Internet montre les deux agents, membres de la police de Bâton-Rouge (BRPD), capitale de la Louisiane, qui tentent d’interpeller la victime sur le parking d’un centre commercial. Une centaine de personnes se sont rassemblées mercredi soir pour allumer des bougies sur les lieux de la mort d’Alton Sterling.
La mort de plusieurs personnes noires tuées par la police ces dernières années a ravivé les tensions raciales aux Etats-Unis et a suscité de nombreuses manifestations, qui ont parfois dégénéré en émeutes. Selon le Washington Post, cinq cent cinq personnes ont été tuées par la police depuis le début de l’année 2016. Vox ajoute que les Afro-Américains, qui constituent 13 % de la population des Etats-Unis, représentent 31 % de ces victimes.


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