Ce collectif d'hommes entièrement vêtus de noir et cagoulés s'est constitué en réponse à la délinquance qui sévit en Guyane. Alors que le département est confronté à un mouvement social de grande ampleur, ces "500 frères" prennent une part active dans les manifestations.
Ils sont devenus l'un des piliers des manifestations qui émaillent la Guyane depuis maintenant une semaine. Le collectif les 500 frères, composé d'hommes entièrement vêtus de noir et cagoulés criant le slogan "Nou bon ké sa" ("On en a marre de ça", en créole guyanais), s'est constitué pour dénoncer la délinquance qui touche le département d'outre-mer.
Actif depuis quelques semaines, le mouvement fait partie des divers syndicats et collectifs qui ont appelé à la grève générale à compter de ce lundi. Accusé d'employer les méthodes d'une milice, le collectif assure prôner la non-violence.
Facilement reconnaissable par sa tenue, composée d'un pantalon et d'un t-shirt noirs, ainsi que d'une cagoule, noire également, le collectif des 500 frères s'est constitué à la mi-février, après la mort d'un homme tué dans un quartier populaire du chef-lieu, Cayenne.
Objectif: dénoncer la violence et la délinquance qui touchent le département, où le taux d'homicide est en hausse. Comme le souligne 20 Minutes, 42 meurtres ont été recensés en 2016, pour une population de 250.000 habitants. Ce qui en fait le département français le plus violent.
La première action des 500 frères remonte au 22 février, lorsqu'aux côtés d'un autre collectif, "Trop Violans", ils appellent à manifester à Cayenne contre la délinquance. Plus de 600 personnes participent à cette marche contre l'insécurité, selon Guyane 1ère.
Le 17 mars dernier, les 500 frères réalisent leur premier coup d'éclat, lors de la venue de Ségolène Royal dans le département. Devant les caméras, une quarantaine de membres du collectif, tous encagoulés, investissent le bâtiment dans lequel se tient la Conférence internationale sur la Convention de Carthagène, à laquelle participe la ministre de l'Environnement.
Dans la salle, les militants interpellent directement Ségolène Royal, lui demandant d'agir pour stopper la violence. "En Guyane, on a eu 4 morts en 4 semaines. On est venu vous dire: au secours!", lui crient-ils. Ce jour-là, plusieurs délégations choisissent de quitter l'événement, par crainte pour leur sécurité. La ministre française, elle, écourte son séjour en Guyane, rapporte Le Figaro.
Même si les 500 frères se sont montrés calmes et non-violents pendant cette action, celle-ci leur a valu de nombreuses critiques et de mises en question de leur méthode - qui les a également amenés à bloquer le site l'accès au Centre spatial de Kourou. La semaine dernière, ils ont investi les rues de Cayenne, sommant les commerçants de baisser leurs rideaux et de rejoindre les piquets de grève.
S'ils approuvent leurs revendications et leurs demandes, parmi lesquelles l'éradication des squats et le renforcement des effectifs policiers et des moyens judiciaires, les Guyanais, et notamment les syndicats, se montrent beaucoup plus sceptiques sur les méthodes employées, qu'ils considèrent comme trop musclées.
Certains les accusent de reprendre les codes d'une milice paramilitaire, sous couvert de "non-violence". Les 500 frères, eux, se défendent de telles intentions.
Une thèse défendue par Mickaël Mancée, ancien policier et porte-parole des 500 frères, qui justifie l'aspect impressionnant du mouvement. "Nous ne sommes pas une milice. Si on n’était pas choquants, personne n’entendrait parler de nous. La peur fait avancer l’homme", a-t-il fait valoir auprès de Vice News."Nous ne sommes pas une milice, nous manifestons sans arme, avec comme seul accessoire notre cagoule", a ainsi expliqué Zadkiel Saint-Orice l'un des porte-parole du collectif, au Monde. Si leur accoutrement a pu choquer, les militants, eux, justifient le choix du total look noir, et le port du masque. "La cagoule en plein état d’urgence, c’est juste pour attirer l’attention, faire quelque chose de différent", estime encore Zadkiel Saint-Orice.
Le porte-parole n'exclut toutefois pas une évolution de leur action, s'ils n'obtiennent pas satisfaction. "Aujourd'hui, on dialogue. On fait tout pour empêcher une guerre civile. On est tous pères de famille, on n'en a pas envie. Mais si les voyous veulent la guerre, on la fera", prévient ainsi Mickaël Mancée.
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