mercredi 3 mai 2017

Débat tendu entre Emmanuel Macron et Marine LePen [Actualité]

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Cet affrontement de second tour aura été à l’image de cette campagne électorale dans son ensemble  : beaucoup d’invectives et de coups en dessous de la ceinture, mais peu d’arguments sérieux et moins encore de véritable débat de fond.
Il faut bien dire que la responsabilité en revient en grande partie à Marine Le Pen. La dirigeante du parti d’extrême droite avait un double enjeu durant ce débat  : d’une part, attaquer sans concession Emmanuel Macron sur les limites de son projet; de l’autre, démontrer sa propre “présidentialité”, en se montrant sérieuse, convaincante et argumentée sur le fond des dossiers.
Le défi était difficile, sachant qu’elle est très en retard dans les sondages. Or, l’eurodéputée n’est pas du tout parvenue à le relever. Son argumentation a beaucoup trop souvent versé dans les assauts de cours de récréation, et les attaques déjà cent fois entendues de la part de ses lieutenants. Tout était dit, ou presque, lors de la tirade d’ouverture de la candidate : “M. Macron est le candidat de la mondialisation sauvage, de la précarité, de la guerre de tous contre tous, du saccage économique de nos grands groupes, du communautarisme […] tout cela piloté par M. Hollande.”
Seul problème : au bout de deux minutes, Marine Le Pen semblait avoir déjà utilisé la quasi-totalité de ses arguments. Par la suite, elle s’est en grande partie contentée de répéter et de décliner ces mêmes attaques, sans guère les étayer. Souvent, on a eu l’impression d’assister davantage à une compilation de toutes les “punchlines” anti-Macron développées par ses troupes sur les réseaux sociaux, qu’à un débat présidentiel, qui suppose hauteur de vue, profondeur d’analyse et incarnation de la fonction et du pays.
Bien sûr, les débats présidentiels n’ont pas toujours été à la hauteur de cette exigence, mais cette fois-ci, l’écart avec l’idéal était plus que jamais criant.
L’objectif de Marine Le Pen était évident : faire sortir Emmanuel Macron de ses gonds, en multipliant les attaques. Elle l’a d’ailleurs à plusieurs accusé de “s’énerver”, mais sans jamais parvenir, en fait, à le faire sortir de la trajectoire qu’il s’était fixée.
En réalité, la dirigeante frontiste a déroulé un tapis rouge à son adversaire qui n’en demandait pas tant. Aidé par son adversaire, le leader d’En Marche a eu peu de difficultés à appliquer sa stratégie, consistant principalement à renvoyer Marine Le Pen non pas tant à la dangerosité de son parti – il l’avait déjà fait durant les jours précédents – qu’au manque de sérieux de son projet.
Là encore, l’eurodéputée l’a bien aidé, penchée presque en permanence sur ses notes, se trompant parfois dans ses dossiers, comme lorsqu’elle a confondu les dossiers Alstom et SFR. Plus surprenant, elle a même semblé parfois souffrir d’une certaine impréparation sur des sujets dont elle savait pourtant qu’ils seraient abordés.
Sur l’Europe, par exemple, elle a eu toutes les peines du monde à préciser son projet de “monnaie commune”, sur lequel elle savait pourtant qu’elle serait soumise à la question par son adversaire.
L’autre stratégie utilisée par Marine Le Pen n’eut guère plus de succès : renvoyer en permanence son adversaire à l’héritage de François Hollande et à son bilan. Mais l’argument semblait usé jusqu’à la corde, après avoir été déjà utilisé in extenso par François Fillon.
Le candidat d’En Marche avait beau jeu de rappeler qu’il avait quitté le gouvernement et avait eu nombre de divergences avec le chef de l’Etat. Finalement, Emmanuel Macron s’est sorti de l’exercice sans avoir à trop forcer son talent. “Les Français méritent mieux que vous”, s’est-il plu à répéter. Devant son poste, on se prenait surtout à penser que les Français valent mieux que le piètre débat qui leur a été proposé.

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