mardi 19 mars 2019

Suspension de l’installation des sénateurs en RDC : la périlleuse démarche de Félix Tshisekedi [Actualité]

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En décidant de suspendre l’installation des sénateurs, de reporter l’élection des gouverneurs et en réclamant des enquêtes sur les soupçons de corruption, Félix Tshisekedi a frappé un grand coup, lundi. Au risque d’engager un bras de fer avec les partisans de Joseph Kabila, qui tiennent la majorité à l’Assemblée et au Sénat.
C’est un signe de rupture autant qu’une déclaration d’autonomie. Félix Tshisekedi a décidé, via la réunion interinstitutionnelle convoquée lundi, de suspendre l’installation du nouveau Sénat – prévue le 30 mars, avec une trés large majorité de sénateurs acquise à Joseph Kabila –, de reporter l’élection des gouverneurs prévue fin mars et a enjoint le procureur de diligenter des enquêtes sur les allégations de corruption à l’encontre de députés provinciaux « corrompus » et de sénateurs « corrupteurs ».
Moins de deux mois après son investiture, ces annonces fortes sont un signal clair de Félix Tshisekedi : il entend ainsi réaffirmer le combat qu’il a promis d’engager contre la corruption et l’impunité, pour l’état de droit et la moralisation de la vie politique 
Le Parti du Peuple pour la Reconstruction et le Développement (PPRD) a, après une réunion de son bureau politique tenue le lundi 18 mars, rejeté en bloc les décisions du Président de la République.
« Le PPRD rejette en bloc les mesures anti-constitutionnelles prises par la réunion inter institutionnelle ce lundi 18 mars 2019 à la cité de l’OUA ». A dit à la presse Patrick Kanga, porte-parole du bureau politique du PPRD.
Le PPRD, par le truchement de Patrick Kanga, appelle à la désobéissance des mesures prises lors de ladite réunion. Ce, en appelant les sénateurs récemment élus, à aller siéger. « Le PPRD invite ainsi les élus sénateurs à rejoindre le Sénat pour la validation de leurs mandats au plus vite possible », A-t-il renchéri.
Cependant, le PPRD va jusqu’à rappeler l’histoire. « Il vous souviendra qu’en 2007 le PPRD avait perdu l’élection du sénat avec She Okitundu alors que nous avions à l’époque la Majorité. Il vous souviendra qu’en 2007 que le PPRD avait 12 députés provinciaux et qu’on n’avait eu aucun sénateur. Il vous souviendra très récemment qu’à Kinshasa, malgré un nombre important qu’on a à l’Assemblée provinciale de Kinshasa et du Kongo central, nous avons zéro sénateur. Est-ce pour autant qu’on avait appelé à l’annulation des élections ? ». S’interroge-t-il.
Cette sortie médiatique du PPRD dont Joseph Kabila est autorité morale, fait donc suite aux mesures prises par le Président de la République Félix Tshisekedi.

La décision du président congolais de suspendre l’élection des sénateurs et d’ajourner l’élection des gouverneurs a donc fait réagir la plateforme politique de Joseph Kabila mais aussi la Ceni.
La tension est ainsi de plus en plus palpable entre les deux blocs FCC et Cach.
Après le vent de fronde au sein de l’UDPS contre le résultat des élections sénatoriales lors desquelles le parti du président n’a obtenu aucun siège, après la réaction violente de certains militants, Félix Tshisekedi a donc décidé, au cours d’une réunion interinstitutionnelle, lundi, de suspendre l’élection de tous les sénateurs et de reporter l’élection des gouverneurs, comme l’a indiqué le vice-ministre de l’Intérieur Basile Olongo, au sortir de cette réunion.

Une démarche qui irrite un peu plus le FCC qui a rappelé, par un nouveau courrier signé par son coordonateur Néhémie Mwilanya Wilondja,  les limites du pouvoir du président et celles, encore plus évidentes, de la réunion interinstitutionnelle, qui ne serait « fondée qu’à formuler des recommandations ».
Le FCC reproche au président le report sine die de l’élection des gouverneurs et vice-gouverneurs. Il lui rappelle que la « compétence d’organiser les élection est du ressort exclusif de la Ceni ».
Pour ce qui est de la suspension de l’installation des sénateurs élus, le FCC parle de « tentative de freiner le processus tant attendu du renouvellement du Sénat ». Une formulation qui n’est pas anodine et qui ouvre la porte à une éventuelle démarche en « destitution »  du président.
La commission électorale nationale indépendante (Ceni) a aussi réagi à cette sortie « présidentielle » en renvoyant le demandeur devant la Cour constitutionelle. « Nous nous trouvons en période de contentieux. A l’UDPS ou à quiconque qui se sent lésé de saisir la Cour constitutionnelle pour obtenir gain de cause en présentant ses moyens de défense. La Ceni n’a plus compétence à dire quoi que ce soit dès lors qu’elle a publié les résultats provisoires des élections tel que constaté dans les provinces où elles ont eu lieu en présence de tout le monde », a déclaré lundi à Radio Okapi le rapporteur de la Ceni, Jean-Pierre Kalamba.
Affaire à suivre

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