Après la création de sa radio, Booba débarque sur le petit écran en lançant sa chaîne payante. Si le pari est audacieux, le rappeur devra se plier à de nouvelles exigences pour consolider son empire médiatique.
Le Duc de Boulogne continue son ascension médiatique. Après le succès de sa marque de vêtement Ünkut, la création de son média Oklm.comdécliné en radio en ligne, Booba débarque sur le petit écran avec OKLM TV. Depuis mardi, la chaîne est disponible sur le canal 215 de la Freebox. Si l’opération se veut gratuite jusqu’au 10 mai, l’abonnement coûtera par la suite 0,99€/mois. Des clips, des interviews, des reportages, des concerts, du sport… Le rappeur a dévoilé sa vaste programmation au travers d’un teaser déjà validé par les internautes. On y aperçoit de grandes stars internationales telles que Nicki Minaj côtoyer les clips de nouveaux talents comme MHD, mais aussi des reportages sur les rappeurs Niro, Lartiste ou encore Vald.
Avec Oklm Tv, Booba continue d’élargir son influence tout en s’émancipant des médias traditionnels. Si cette stratégie ne surprend guère des figures médiatiques du hip hop telles qu’Olivier Laouchez ou Fred Musa, chacun reste conscient des défis inédits qu’attendent “Le boss du rap game” sur le petit écran.
“Pour nous, par nous” Depuis le lancement d’Oklm radio, Booba martèle son slogan médiatique. Un pied de nez sous-entendu à la radio Skyrock qu’il considère animée par des individus étrangers à la culture hip hop. Particulièrement ciblé par le rappeur, l’animateur Fred Musa est dubitatif : “Il parle de qui lorsqu’il dit “pour nous, par nous” ? Personnellement, je fais de la radio pour tout le monde. Quand tu te lances dans un média il faut savoir toucher le maximum de personnes”. Sans animosité, il réagit aux critiques du rappeur: “Il dit que je ne viens pas du milieu rap alors que ça fait 20 ans que je présente Planète Rap et qu’au départ, j’évoluais dans le funk, qui est proche des origines hip hop.” Loin d’être rancunier, il salut la carrière du rappeur dans sa “capacité à se renouveler” et confie même écouter parfois certains titres.
S’il considère dès à présent le lancement de la chaîne comme “réussi”, Fred Musa reste attentif à l’évolution du projet : “Avant il me clachait sur un terrain dans lequel je ne pouvais pas répondre. Je suis animateur, pas rappeur. Après avoir taclé beaucoup de médias, on va maintenant voir comment il répond aux exigences d’audience et aux règles du CSA.” Loin de la liberté de ton d’Oklm radio, les nouvelles contraintes marketing imposées par la télévision représentent un challenge pour le rappeur. Sur ce point, Booba est attendu au tournant par ses concurrents, “Il a tout fait pour être là où il en est actuellement. C’est tant mieux pour lui. Je n’aurais qu’une seule chose à dire : Bienvenue dans le game.”
Devenir un “mass media“, tel est l’autre défi d’Oklm Tv pour faire sa place dans la jungle télévisuelle. Sur ce point, le directeur de Trace Urban encourage le rappeur, “Aujourd’hui on a besoin d’artistes comme Booba. Je trouve ça très bien qu’il se lance dans l’aventure. C’est une reconnaissance de plus de la culture hip hop ”. Là où Olivier Laouchez se décrit comme un “pionnier en France“, d’autres acteurs du hip hop outre-Atlantique ont déjà tenté de prendre d’assaut les médias. Dr Dre avait vainement tenté l’aventure au début des années 90. Mais si l’expérience peut se révéler prometteuse pour Puff Daddy et sa chaîne Revolt
En plus de 20 ans de carrière, le duc de Boulogne s’est diversifié pour toucher à plusieurs secteurs. Grâce à sa griffe Ünkut, le rappeur générerait aujourd’hui quelque 10 millions d’euros par an. Une notoriété qui lui permet de développer de nouveaux partenariats, notamment avec la marque Yamaha. “Qu’est-ce que je vais faire de toute cette oseille ?” se demande-t-il dans le morceau "Kalash". Sûrement le réinvestir pour en gagner encore plus.
Fin 2014, Booba s’attaque aux médias en lançant sa propre plate-forme de diffusion Oklm.com. Auparavant, l’artiste auto-entrepreneur prend soin de populariser l’expression “Oklm” au travers de son single éponyme. Pour dévoiler le titre au grand public, le rappeur choisit Le Grand Journalpendant le festival de Cannes. Avec aujourd’hui près de 350 000 abonnés sur sa page facebook ce site rempli un double objectif : s’émanciper des médias traditionnels et élargir le domaine d’influence du duc de Boulogne.
Un an plus tard, Booba lance sa Oklm radio. Une fois encore, le rappeur n’attend pas d’être contacté par les journalistes pour faire sa promotion, il crée son propre espace de diffusion. On y retrouve des nouveaux talents, des pointures du hip hop, et bien sûr Booba lui-même. Pour attirer le public, il dévoile en exclusivité certains de ses titres tels que JDC. Une recette réutilisée pour Oklm Tv. Alors que la chaîne vient à peine de démarrer, Booba l’utilise dès à présent pour dévoiler en exclusivité son clip "Walabok", dans lequel Karim Benzema fait une apparition.
Dans tous les cas,une belle évolution artistico-entrepreunariale de la part de l'artiste qui déclenche les polémiques,mais qui mérite notre respect et nos encouragments.
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